Une victoire des députés qui ne doit pas cacher les risques de dégradation des conditions d’accueil
Le budget de l’hébergement d’urgence n’aura pas eu la possibilité d’être débattu en séance à l’Assemblée nationale du fait du recours, une fois de plus, au 49-3 par le gouvernement. Par ce dispositif il peut choisir seul et arbitrairement quels amendements il retient ou rejette. Se posait alors la question du maintien ou non de la suppression des 14 000 places d’hébergement qu’ont dénoncé les député.es LFI-Nupes.
En effet, alors que 300 000 personnes sont sans domicile fixe en France, que près de 2000 enfants dorment dans la rue chaque soir, que les structures d’hébergement d’urgences sont saturées et que le nombre d’expulsions locatives risque d’augmenter au regard des nouvelles difficultés des ménages à faire face à l’augmentation du coût de la vie, ces économies étaient indignes.
Suite à une articulation exemplaire entre luttes citoyennes, mobilisation des acteurs du secteur de l’hébergement et interpellation parlementaire, le gouvernement a fini par reculer sur son projet de suppression 14000 places d’hébergement d’urgence.
Il reprend à son compte un amendement créditant le programme budgétaire concerné de 40 millions d’euros, une victoire notable.
Cependant, ce montant est largement insuffisant puisqu’il correspond à environ 16€ par nuitée, ce qui est bien loin du coût réel d’une place d’hébergement, et qu’il entérine une baisse de 149 millions € du budget de l’hébergement d’urgence.
En effet, si le gouvernement a renoncé à la suppression des places d’hébergement et à une baisse globale du budget du programme “Hébergement, parcours vers le logement et insertion des personnes vulnérables” (177), le montant alloué spécifiquement à l’hébergement d’urgence reste en baisse. Entre 2022 et 2023, ce sont 149 millions € qui restent amputés du budget de l’hébergement d’urgence.
Cela signifie que les structures d’accueil devront faire autant mais avec moins de moyens, ce qui risque d’avoir des conséquences graves sur la qualité de l’accueil, de mettre en péril les trésoreries des CHRS et de compliquer les réservations de nuitées avec les établissements hôteliers.
C’est donc dans un contexte de crise inédite du logement en France que le gouvernement décide de faire des économies sur la mise à l’abri des plus précaires.
Le député William Martinet continuera de rappeler au gouvernement ses responsabilités et veillera à la qualité de l’accueil des personnes sans domicile.