Lettre ouverte aux habitant.es de la 11 ème circonscription des Yvelines

Madame, Monsieur,

Tout d’abord, je souhaite exprimer ma pleine solidarité à celles et ceux qui ont subi les conséquences des événements violents de ces dernières nuits. Je tiens à saluer l’engagement des fonctionnaires et des élus municipaux présents sur le terrain au cœur de la crise et qui sont maintenant à pied d’œuvre pour réparer les dégâts et maintenir la continuité du service public. J’ai aussi une pensée pour les commerçants dont les locaux ont été détériorés et qui doivent maintenant relancer leur activité. Plus généralement, mon équipe et moi-même sommes disponibles pour apporter une aide concrète à tous les citoyens qui en auraient besoin.

Cet écrit est l’occasion pour moi d’affirmer une position sans aucune ambiguïté : je suis opposé à toute forme d’action violente. C’est le discours que j’ai tenu sans relâche lorsque j’ai arpenté notre circonscription ces derniers jours pour prôner l’apaisement. La non-violence est une position éthique qui m’accompagne depuis le début de mon engagement et qui ne me quittera pas.

Si je prends la plume, c’est aussi et surtout pour partager avec vous ma conviction sur les causes profondes des révoltes urbaines que nous avons connues. N’oublions pas que l’étincelle qui a provoqué cet embrasement est la mort du jeune Nahel des suites d’un tir policier manifestement illégal. Ce drame a provoqué une grande émotion et une colère légitime. Il intervient après des années de mépris, d’abandon et de discrimination qui ont fait des quartiers populaires une poudrière. De ce point de vue, la responsabilité de ceux qui sont au pouvoir est immense. Malgré de multiples alertes des élus locaux et des militants associatifs, ils ont laissé perdurer une situation dont il était écrit qu’elle finirait par déboucher, un jour ou l’autre, sur des violences.

J’en tire la conclusion qu’il est nécessaire d’apporter des réponses politiques à ces événements pour qu’ils ne se reproduisent pas. Abordons tous les sujets, y compris ceux qui fâchent. Oui, il existe un problème dans le rapport que la police entretient avec les jeunes des quartiers populaires, empreint de violence et de racisme. Oui, les habitants des quartiers populaires doivent faire face à de nombreux obstacles pour accéder au logement, à la santé, à l’éducation et à l’emploi. Non, les quartiers populaires ne bénéficient pas d’une manne financière mais subissent au contraire un sous-investissement de l’Etat. Je porterai ces questions à l’Assemblée Nationale pour qu’elles soient traitées de toute urgence. L’apaisement auquel nous aspirons tous, ne s’obtiendra pas par l’escalade sécuritaire mais par la justice.

Pour finir, je rappellerai une chose : dans les quartiers populaires, vivent des travailleuses et des travailleurs essentiels qui se lèvent tôt pour faire tourner le pays. Vers 5 h du matin, ils sont nombreux dans les gares de notre circonscription à attendre le premier train pour se rendre sur leur lieu de travail à Paris ou ailleurs. Les jeunes qui habitent dans nos quartiers populaires seront demain chauffeur de bus, auxiliaire de puériculture, enseignante ou médecin. Aucun d’entre eux ne demande la charité, des excuses ou un traitement de faveur. Tous réclament que s’applique le principe d’égalité républicaine, ni plus, ni moins. Leur revendication est mille fois légitime.

Je suis fier d’être député de cette circonscription car elle est à l’image de la France, diverse, et je suis convaincu que nous pouvons vivre en harmonie à la condition de nous rassembler autour des principes d’égalité et de justice. A la suite des événements que nous avons traversés, c’est l’espérance que je vous propose de porter ensemble.

Votre député,
William Martinet